Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

08/03/2016

Les visages dans "Mémoires"

DSC_0550.JPG

 Adama TRAORE : comédien et musicien

DSC_0748.JPGSéméta ZIE : comédienne

DSC_0627.JPG

 Harouna TRAORE : comédien 

DSC_0618.JPG

Joseph BAMOGO : comédien, auteur et metteur en scène

MEMOIRES à l'Institut Français le 5 mars 2016

 

DSC_0522.JPG 

 

 

 

 

 

 

 

 

                         Vue du public

MEMOIRES

                       Mémoires

 

Texte et Mise en scène : Joseph BAMOGO

Le texte du spectacle:

Tchaka

Au commencement était la parole, et la parole était avec Dieu, et la parole était Dieu. Elle était au commencement avec Dieu. Toutes les choses ont été faites par la parole. Rien de ce qui existe n’a été fait sans la parole. En elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes. La lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont point reçue. Il y eut un homme envoyé de Dieu.

D’une chose, simple et solitaire des temps anciens, sont sorties toutes les choses, nombreuses et multiformes des temps présents. Le néant a engendré la terre. La terre a engendré l’homme. L’homme a engendré d’autres hommes. Les autres hommes ont engendré des familles, les familles des ethnies, les ethnies des clans et les clans des races. Il en a été ainsi dans les terres lointaines, au sud de l’Afrique où vivent les Qwabés, les Bathwethwas, les élangenis, les N’Gouni, les zoulous…

Au crépuscule du 18e siècle et quand le soleil du 19e siècle pointait, un peuple a mis la main sur la quasi-totalité du sud de l’Afrique. Ce peuple c’est les zoulous. C’est-à-dire, les « enfants du ciel ».

Ils y étaient les maîtres. Depuis les rives du fleuve Zambèze jusqu’aux riches terres qui entourent le mont Drakensberg, en passant par les terres que les eaux du fleuve Limpopo arrosent. C’est-à-dire depuis le Tchad jusqu’à l’Afrique du Sud, en traversant la Zambie, la Tanzanie, le Malawi, le Mozambique, le Zimbabwe. Ah !! C’était les maîtres des lieux.

Un chant d’hommage à un grand peuple.

La tradition populaire africaine nous enseigne qu’un serpent dépourvu de tête, n’est pas un serpent, c’est une ceinture. C’est pourquoi Dieu, qui a créé toutes les choses, a mis un chef à toutes choses. Il y a, dans le monde, trois sortes de chefs : le chef de famille, le roi et l’empereur. Chaka était l’empereur des zoulous.

Même  chant d’hommage.                                            

Au temps de Chaka, combien de tribus payaient-elles tribut aux zoulous ? Au temps de Chaka, quel est ce peuple qui ne cherchait pas à se lier d’amitié avec les zoulous ?  Au temps de Tchaka, combien de peuples sont-ils venus grossir la taille du peuple zoulou ? Personne, aucun vivant ne peut vous dire le nombre.

Pourtant les gardiens de nos antiques légendes racontent qu’au commencement les choses n’ont pas toujours été ainsi. Au commencement, les zoulous étaient un tout petit peuple, souffre-douleurs des autres peuples. Ils étaient les pourvoyeurs en toutes choses des autres peuples. Quelqu’un voulait-il une femme ? Il partait la chercher chez les zoulous. Un peuple voulait-il s’essayer au métier des armes ou se dégourdir les jambes ? Il fonçait droit sur les zoulous. Et, c’était chez eux que tous allaient chercher, qui du bétail, qui des récoltes, qui des bras valides. Même les animaux, quand ils avaient faim, partaient se servir à satiété dans les bergeries zouloues ; c’était la terreur pour ce peuple.

C’est dans cette terreur que Chaka, l’enfant « scarabée » est né un jour de 1787. 

Un chant en l’honneur de Chaka.

Un grand penseur disait que « tout héros est au moins fils de roi, sinon fils de Dieu ». Si Chaka n’est pas fils de Dieu, il est deux fois fils de roi. Senzangakona, son père, était un prince zoulou et Nandi sa mère, une princesse élangenie. C’était un jour de marché, le jeune prince Senzangakona et la belle, ravissante, « délicieuse » princesse Nandi se rencontrent. Ils se regardent du coin des yeux. Une étincelle jaillit de leur regard. Les deux jeunes princes tombent amoureux l’un de l’autre. Seulement, depuis que le monde est ce qu’il est, depuis que les coutumes se sont forgées, que les interdits se sont créés, personne n’avait jamais vu de mariage entre N’Gouni et élangenis. Ni les parents du prince, ni les parents de la princesse n’approuvent cette union. Commence alors un jeu de cache-cache et de défi entre les deux jeunes princes et leurs parents respectifs.

Ah ! L’Amour quand tu nous tiens ! Quand on aime de toutes ses forces, on triomphe de tous les maux. Malgré donc les oppositions de leurs parents les deux jeunes continuent de se rencontrer, en secret. Et ce qui devait arriver  arriva. Nandi est enceinte. Les parents de Nandi pensent que la jeune princesse est malade. Ils disent qu’elle souffre d’un « Chaka », c’est-à-dire un scarabée intestinal. On fait alors appel aux meilleurs guérisseurs pour soigner la jeune princesse, mais rien. Plus les jours passent, plus le scarabée grossit. Tous les remèdes sont inefficaces contre ce scarabée d’un autre genre. Et neuf mois plus tard, le scarabée se trouve être un bébé garçon. En réponse à ses parents, Nandi donne le nom de « Chaka » à son enfant. 

Les parents de Nandi exigent que les N’Gounis reconnaissent leur fille et son fils. Mais, pendant que les anciens des deux clans sont en pourparler, Nandi négocie elle-même sa propre dot. Le mariage avec Senzangakona est scellé. (Musique de mariage.)

Seulement voilà, Nandi est une femme de caractère. Elle veut s’affirmer. On la traite de femme difficile. Elle ne s’entend pas avec ses coépouses. Elle ne s’entend pas avec son époux.

Mais le mariage tourne mal. Nandi est maltraitée. Elle est insultée et humiliée en présence des autres femmes de son mari. Chaka cela, il ne supporte pas de voir sa mère souffrir et humiliée de cette manière. Il entre en conflit avec son père. (Proverbe sur celui qui s’interpose  entre 2 choses) Tchaka partage alors la haine destinée à sa mère. Il est lui aussi humilié. Il est traité d’enfant illégal et rejeté par son propre père.

Les choses sont telles que Tchaka veut tuer son père.

Au pâturage les choses ne sont pas au mieux. Il est brimé, traité de bâtard, maltraité, battu et souvent laissé pour mort sur le terrain par ses camarades.

Senzangakona a plus d’une raison d’éliminer son fils. Alertée, Nandi s’enfuit avec son enfant.

Ils sont accueillis dans la cour royale d’un peuple voisin : les qwabés. Mais Chaka a maille à partir avec les membres de la famille royale.

Il est encore obligé de s’enfuir. Il est débarque chez un autre peuple : les bathwethwas dont le roi s’appelle Dingiswayo. Ce roi est un as, un virtuose de la guerre. Là-bas, il demande à faire partie de l’armée où il apprend le métier des armes. Tchaka est doué d’une force physique redoutable, d’une endurance prodigieuse. Il est excellent au combat, charismatique et fin stratège. Très vite, le roi Dingiswayo le remarque. Tchaka devient son bras droit et son porte-parole.

À la mort de leur père, Sigujana, l'un des demi-frères de Chaka, assure la succession du trône conformément à la volonté du défunt père. Mais Tchaka tue son frère Sigujana et  prend le pouvoir. Après la mort de Dingiswayo, tué dans une bataille, les bathwethwas demandent à Chaka de les prendre sa protection. (Proverbe dioula du karité et du panier). Sans hésiter Tchaka accepte leur proposition et les prend sous sa protection. Il réalise ainsi l’unité des deux peuples ; un soleil nouveau est entrain de naître, c’est le début des grandes conquêtes.

Chaka : Il me faut tout changer dans ce royaume. A un grand peuple, il faut un grand nom. Un nom qui fasse peur à l’ennemi. Ah ! Je l’ai ce nom : Il doit sonner comme un tambour de guerre. Puisque  « Je ressemble à ce grand nuage où gronde le tonnerre. Alors mon peuple s'appellera Zoulou c'est-à-dire, le ciel » et ses enfants, Ama-zoulous ; les enfants du ciel. La capitale de mon royaume  portera désormais le nom de Oumgoungound-lovou  c’est-à-dire : pareil à l’éléphant. Il  me faut aussi de nouvelles  armes. Pour cela je dois trouver ce forgeron, ce « Nganga », ce Sangnan (louange des forgerons en mooré), ce maître, ce devin capable de me façonner une lance investie de pouvoirs magiques.

(Le conteur) Parti à la recherche de ce Maître, il rencontre au cœur de la forêt sacrée Le Seigneur des Eaux Profondes qui lui dit : « Chaka, je te donne le bétail, je te donne la fortune, je te donne la gloire au milieu de ton peuple. »

Chaka : « pendant ce temps comment sera mon peuple ? » 

Le Seigneur des Eaux Profondes : « pourquoi t’occupes-tu des autres ? Ils seront tous dans la misère. »

Chaka : « Monseigneur, si ma grandeur doit tuer celle de mon peuple, si ma grandeur doit faire ombrage à celle de mon peuple, accorde-moi donc la grandeur de mon peuple et laisse-moi croupir dans la misère ».

Le Seigneur des Eaux Profondes : «  Tu portes déjà en toi la grandeur de ton peuple. Vous dominerez les fleuves et les montagnes ; vous transformerez des pays entiers en pistes pour votre passage ; les lions rugiront à votre gloire et les oiseaux chanteront les louanges de vos armées. »

Chaka innove la stratégie militaire de son armée, il invente une nouvelle stratégie ; l’attaque "en tête de buffle" : les troupes sont divisées en quatre corps. Deux ailes forment les cornes de buffle et deux corps centraux placés l’un derrière l’autre forment le "crâne. Grâce à ses régiments spéciaux, les « impis », il applique la tactique de la terre brûlée.

Avec Chaka le service militaire devient obligatoire, même pour les jeunes filles ; elles forment le corps des Amazones. Il supprime l’initiation des jeunes garçons. C’est pour lui une perte de temps. Les périodes d’initiation sont désormais consacrées à la formation  militaire. Par contre, il conserve les classes d’âge pour constituer les régiments. Il instaure des concours d’épreuves. Aux vainqueurs sont offertes les plus belles filles nubiles choisies parmi les amazones. Sous Chaka le guerrier zoulou est très discipliné et courageux.

Grâce aux nouvelles armes, grâce aux nouvelles stratégies et les nouvelles techniques de combat inventées par Chaka, les zoulous volent de victoires en victoires. Les peuples tombent les uns après les autres sous la domination zouloue.

Après chaque victoire, tous les vieillards des peuples vaincus sont tués. Les femmes et les jeunes ont la vie sauve s’ils acceptent de s’enrôler dans les « impis ». Les vaincus doivent abandonner leurs noms, leurs langues, leurs coutumes et devenir de véritables zoulous.

En quatre ans, Chaka réalise l’unité de toute l’Afrique australe où il est le chef suprême, juge suprême et propriétaire de toutes les terres. Il est considéré comme un demi-dieu, une émanation du Tout-puissant N’kouloun-kouloun, il est le « Bayété », celui qui se tient entre Dieu et les hommes.

Le peuple l’invoque en ces termes « Bayété, Ô père ! Seigneur des Seigneurs ! Ô toi le grand lion, l’éléphant auquel nul ne peut répondre ! Ô céleste ! Conduis-nous avec clémence ! Ô Chaka, je tremble parce que c’est toi Chaka. »

 Mais on dit «  qu’une pirogue n'est jamais trop grande pour chavirer. » C’est au moment où le peuple zoulou est à son apogée, au moment où tous les peuples craignent les zoulous, au moment où les zoulous peuvent vivre de leurs acquis que la pirogue décide de chavirer. « Le feu qui te brûlera, c'est celui auquel tu te chauffes ». Le poisson pourrit toujours par la tête. Une dissension naît au sommet de l’armée des zoulous. Deux des meilleurs généraux et demi-frères de Chaka, Dingané et Malhagana, ne partagent plus ses idées.

Un jour, ces deux réunissent une grande partie des gradés de l’armée.

Dingané : Mes amis, quand on creuse un puits, c’est dans quel objectif ?

Malhagana : c’est pour avoir de l’eau.

Notibé (hors du cercle, en écho): La fumée annonce le feu, l’ombre précède le corps, le vent annonce la pluie.

Dingané : Et si au cours du forage, on rencontre de l’or ?

Malhagana : C’est un bonus, c’est un cadeau tombé du ciel ! On en prend plein les poches ! C’est pour nous.

Dingané : Nous avons foré, nous avons rencontré de l’or, nous avons eu de l’eau. Mais on ne peut pas s’en servir. Tout cela ne nous profite pas.

Malhagana : C’est vrai. Seul Tchaka profite de tous les efforts que nous avons fournis. Il nous faut maintenant nous reposer et profiter de nos acquisitions. On est fatigué de toujours lutter.

Dingané : C’est nous qui faisons le travail, pourtant il a droit de vie ou de mort sur tous, sans exception. Tchaka est notre frère, mais il ne nous écoute plus.

Notibé (hors du cercle, en écho): Les frères les meilleurs ne sont pas toujours les frères de sang, les ennemis les pires sont souvent des frères ennemis. La fête bat son plein !

Dingané : Chaka lève en l’air la pointe de sa sagaie !

 Malhagana : On massacre ceux qui dansent mal. On massacre ceux qui dansent trop bien. On massacre ceux qui ne chantent pas ! Et pire encore, il fait exécuter plus de sept mille personnes à la mort de sa mère.

Digané : « Et les guerriers ? Les guerriers !»

Notibé (hors du cercle, en écho): Celui qui se tait devant le mal, pactise avec le malfaiteur et participe à ce mal.

 Malhagana : « Ceux qui reviennent de la campagne sans leurs sagaies sont massacrés. Ceux qui reviennent avec leurs sagaies sans une sagaie ennemie sont massacrés. C’est la dictature qui s’installe. Si nous ne faisons rien nous seront tous vomis par le peuple à cause des agissements de Chaka».

Notibé entre sur la pointe des pieds.

 Notibé : Vaillants guerriers zoulous, je vous salue !

Dingané et Malhagana : Qu’est-ce que tu viens faire ici, Notibé ?

Notibé : Je vous ai entendus parler, et je viens vous parler.

Dingané et Malhagana : Nous discutons entre Hommes. Qu’est-ce que tu viens faire ici, Notibé ?

Notibé : C’est vrai que je suis une femme, mais je suis votre sœur, celle qui vous a toujours servis et qui est toujours prête à vous servir. Celle qui a pris les mêmes risques que vous et qui continue d’en prendre. Ecoutez-moi s’il vous plaît !

Malhagana : Pourquoi devons-nous t’écouter ?

Dingané : C’est une histoire d’Hommes et de Guerriers. D’ailleurs nous savons qui tu es !

Notibé : Qui suis-je ?

Malhagana : Tu es une espionne à la solde de Tchaka. Va-t’en ! Les choses sont urgentes et nous perdons du temps avec toi ! Du doigt ils lui indiquent la sortie.

Notibé : Vous vous trompez ! Dans tous les cas, si vous refusez de m’écouter, je saurai trouver ailleurs des oreilles qui m’entendront. (S’adressant au public) Je pense que vous au moins, vous m’écouterez. (Elle prend son temps pour dire les choses). Ils ont parlé de violence, Ils ont parlé d’abus, Ils ont parlé d’excès, Ils ont parlé de sang, de beaucoup de sang. Du sang des ennemis, mais aussi du sang des nôtres. C’est juste. C’est vrai. Mais qu’ils se donnent un peu un temps d’histoire. Avant Tchaka qu’étions-nous ? Rien ! Avant Chaka seul notre sang était versé.

Avant Chaka, ni nos récoltes, ni notre bétail, ni nos enfants ne nous appartenaient. Avant Chaka nous étions le peuple esclave des autres peuples. Mais par l’action de Chaka, les fauves ont reculé. Les hommes se sont mis à genoux devant nous.

Je vais vous raconter une histoire.

C’était l’époque de la terreur. C’était au temps où les bêtes sauvages venaient jusque dans nos maisons pour se servir en bétail. Un soir, une jeune fille est enlevée par une hyène dans une case. Il faisait noir. Totalement noir. La jeune fille a crié de toutes ses forces, crié, crié. Mais  Personne n’a sorti le bout du nez pour voir ce qui se passait dehors. Chacun s’enfermait dans sa case et tremblait. Pour la première fois ce soir-là, un jeune homme est sorti de sa case et a affronté la maudite bête. Il a tué la hyène. Il a sauvé la jeune fille. Ce jeune homme, c’est Chaka. Cette jeune fille c’est moi.

Un tel homme ne mérite pas d’être trahi par les siens. (Le regard lointain). Parlez-lui, je vous en supplie, il saura vous écouter. »

Digané (le regard lointain) : Il n’écoute personne. Il ne nous écoute plus. Il n’écoute que sa seule volonté. Quand on lui parle, quand on lui adresse des critiques il répond que…

 Malhagana : Oui ! Il dit qu’on ne peut pas faire des omelettes sans casser des œufs. Que le pouvoir est comme une source claire et limpide. On la regarde, on s’y regarde, on admire sa limpidité ; mais au fond de cette source, le sable n’est pas toujours pur, il est bien souvent mêlé à la boue. 

Notibé (hors du cercle, en écho): L’homme qui s’appuie sur vous est aussi votre appui, et aider autrui est une autre manière de s’aider soi-même

 (Un texte en Dioula pour introduire). Quant à Chaka lui-même, un jour, alors qu’une autre guerre est en vue, il dit à son plus fidèle compagnon Issanoussi : « Je ne comprends pas. J’éprouve depuis quelques jours un sentiment d’ennui, d’abattement. Cela ne m’était  jamais arrivé. »

Issanoussi lui dit : « Tu veux savoir d’où te vient cette sensation ? Pense au chemin parcouru jusqu’ici. A partir d’une poussière de clans inorganisés et apeurés, tu as fait un grand peuple. Un grand peuple prêt à tous les sacrifices pour rester grand. Un peuple nouveau est né de ta foi et de ton génie. C’est pour cela que tu as été envoyé. L’œuvre est accomplie et ton destin aussi. »

Alors Chaka lui dit: « Je vais livrer ma dernière bataille. Seulement, je veux que le peuple comprenne que la vie la plus sure est celle que l’on se crée à l’ombre de la sagaie. »

Ce jour-là encore, les Zoulous sortent victorieux. Comme à son habitude, Chaka se met à l’écart pour se recueillir et dire merci au Tout Puissant N’kouloun-kouloun. Au creux de la montagne, debout, les bras tendus, les yeux fermés, Chaka prie silencieusement. Deux hommes apparaissent derrière lui, tout doucement, sur la pointe des pieds. Ils lui enfoncent leurs lances dans le dos. Chaka chancelle, titube, prend appui sur la paroi de la montagne et dans un ultime effort se retourne. Qui voit-il ? Ses deux demi-frères Dingané et Malhagana.

De Chaka, Joseph Ki-Zerbo a écrit : «  Organisateur de génie, rassembleur de peuples, révolutionnaire souvent brutal, Chaka est la réfutation vivante du mythe du noir incapable d’innover et de changer le cours stéréotypé de la tradition.»

Quand l’ange de la mort arrête le roi, il épargne sa renommée !

La renommée est comme la fumée, elle déborde toujours l’aire de la cuisine !

La renommée est comme la vérité, elle traverse le feu sans se brûler !

 La renommée est surtout un don de Dieu, le mystère que Dieu met sur son élu !

La tombe n’est pas un puits où l’on peut entrer et sortir, c’est pourquoi la renommée n’accepte pas d’être enterrée.

Qui a vu Soundiata Kéita ? Qui a vu la Princesse Yénenga ? Qui a vu Samory Touré ? Qui a vu Soumaoro Kanté, la Reine Abla Pokou ?

Mais n’a jamais entendu parler de Kwame  N’Krumah  le panafricaniste? Qui n’a jamais entendu parler de Patrice Lumumba qui disait « plus nous serons unis, mieux nous résisterons à l’oppression, à la corruption et aux manœuvres de division auxquelles se livrent les spécialistes du diviser pour régner » ?

Qui n’a jamais entendu parler de Thomas Sankara le visionnaire qui a dit « si les dirigeants ne veulent pas être chassés, balayés par leurs peuples, ils doivent s’identifier à eux et respecter les intérêts de leurs peuples » ? 

Ils sont morts.

Les hommes ont confié leurs corps à la terre.

Dieu a confié leurs noms au temps.

La terre a mangé leurs corps.

Le temps a propagé leurs noms.

C’est pourquoi ils resteront gravés dans nos mémoires.

 Quelle que soit la longueur de la nuit, le jour finit par se lever.

Bobo-Dioulasso, le 11 février 2011

Joseph BAMOGO

 

Avec :

 

     Harouna TRAORE : conteur et comédien

 

TRAORE Harouna c’est son nom, mais les jeunes me reconnaîtront sous l’appellation de Tonton Conteur, il a traîné sa bosse pendant 13 ans sur les planches au théâtre avant de glisser doucement dans l’art du conte.

Tout à coup boumm, les yeux s’écarquillent, les oreilles se tendent,

Kabakoyé.....yéééééé … Le voilà ! C’est... Tonton conteur.
Si vous avez la chance vous le croiserez très vieux, autrement vous le verrez jeune, dommage…car je traverse le temps et je suis élégant avec ma barbe blanche

Depuis 2005 : conteur, comédien

1991 : les premiers pas de comédien

Plusieurs spectacles de contes dans les quartiers de Bobo-Dioulasso, au Centre Culturel Français Henri Matisse de Bobo et de Ouagadougou.

Plusieurs spectacles de contes dans des festivals de conte au Burkina et au Niger.

 

  Séméta ZIE : comédienne et actrice de cinéma.

 

Depuis 1995 Séméta ZIE traîne sa bosse dans le milieu du théâtre, mais aussi dans le cinéma depuis 2010. 

Elle s’est formée à travers des stages de formation avec de grands noms tels Jack Resch en mise en scène en 2010. Pour le jeu d’acteur, Mahamoudou Tapsoba, le Français Baptiste Jamonneau et l´Italien Luga G.M. Fusi ont été ses formateurs.

Papa Kouyaté  et Joseph B. Tapsoba font partie de ses maîtres en maquillage et décor.

1995-2010- Pratique théâtrale avec la Compagnie TRACE THEATRE de Bobo-Dioulasso.

Elle a participé à plusieurs créations théâtrales : FAUX DEPART de Jack Resch, JE T´APELLE DE PARIS, DOUROUDIMI et LA DERIVE DE TARAMBERE et « la trilogie de Boulaye » de Moussa Sanou.

Actrice et costumière dans les films : "Halte tsé-tsé" de André BOUGOUMA, "A l'ombre de la passion" de Noél BAMBAMRA, « la loi de Moïse » de Drissa Touré,  « la Promesse de Dramane » d’Abdoul Karim Koné à Bobo-Dioulasso B.F.


Adama TRAORE : griot, conteur, musicien

 

Adama TRAORE est griot de naissance. Tout jeune, il a suivi les parents dans les cérémonies traditionnelles de baptêmes, de mariages, et de décès.

Il est très tôt initié à la pratique du conte. A la radio, à la télévision il distille ses contes aux auditeurs et téléspectateurs, accompagné de son éternel N’Goni.

Virtuose du N’goni et du chant, il a à son actif plusieurs sigles.

       Joseph BAMOGO : conteur et comédien

 

Il intègre la troupe théâtrale civile de son professeur de français depuis qu’il est au lycée. Depuis le lycée il est sur les planches. D’abord dans la troupe Horonya. Ensuite Trace Théâtre. Et maintenant avec Les Conteurs du Terroir. Mais aussi avec tous ceux qui ont besoin de ses services.

Animateur  de l’émission de  conte à la télévision RTB2/Hauts-Bassins.

Comédien et metteur en scène dans plusieurs créations théâtrales : La nuit des anges de Florent Couao-Zotti, « l’Ours et les fleurs  du mal » de Charles BAUDELAIRE.

Les Mouches de Jean-Paul Sartre mise en scène de Hassane Kouyaté.

Il participe à de nombreux festivals de conte et de théâtre.

Les Conteurs du Terroir

 

Notre monde est devenu un village planétaire. L’individu, dans ce village, se trouve confronté à la globalisation de l’économie et de la culture qui ont pour conséquence le choc des cultures. Ainsi, naîtra- t-il demain une culture mondiale.

            Comment appréhender et se faire siens ces différents changements ? Comment faire pour ne pas seulement être observateur et consommateur de cette globalisation, mais être aussi un acteur et un actionnaire de cette société en création ?

            La culture, notamment les arts de la parole (conte, théâtre…) peuvent permettre d’appréhender ces changements et de dégager ainsi des pistes de réflexion permettant d’affronter les nouvelles réalités avec plus de clairvoyance.

            Les Conteurs du terroir est une structure qui a toujours évolué dans le conte et le théâtre est maintenant inscrite dans l’accompagnement et à la solidarité internationale.

Le retour aux sources est notre source d’inspiration.

La création

« Mémoire »,  c’est la narration d’une vie. Un récit de vie. Celui d’une figure légendaire de l’histoire africaine.

Sa vie révèle l’humain comme l’écrivait la romancière Mariama BÂ dans « Une si longue lettre » : « l’Homme est un, grandeur et animalité confondues ». Est-ce pour autan qu’il faut jeter le bébé avec l’eau du bain ?

Les égoïsmes et les intérêts personnels et individuels ont chaque fois freiné les élans des « révolutionnaires » africains dans leurs quêtes de changement et d’évolution.

Lumumba : « Plus nous serons unis, mieux nous résisterons à l’oppression, à la corruption, et aux manœuvre de division auxquelles se livrent les spécialistes du diviser pour régner. »

Inspirée de « La mort de Chaka » de Seydou Badian, Mémoires est une création où le conte, la narration, le théâtre, le griotisme ont « cassé » leurs coquilles pour s’emboîter et s’imbriquer. Le griot est au service du conteur. Tous deux accompagnent le comédien pour exprimer le rappel de l’Histoire et traduire l’espoir d’un nouveau soleil : « Quel que soit la longueur de la nuit, le jour finit par se lever. »

Les jeux des comédiens évoqueront les espaces et les temps. La lumière est créée pour accompagner les différents acteurs dans l’évocation ces différents temps et espaces.

Ce projet dont le texte est écrit depuis 2011 tirait la sonnette d’alarme, prévoyant les évènements des 30 et 31 octobre 2014 au Faso.

Durée : 1h

Décor : 4 cubes et